Discours de l’ambassadrice pour la conférence MediaUno

L’ambassadrice a participé à l’ouverture officielle de la conférence du groupe de presse MediaUno, le 1er novembre 2021, qui portait sur "Construire le monde post-pandémie : vers une société plus durable, sûre et résiliente".

Seul le prononcé fait foi.

« Il peut sembler paradoxal que l’on se réunisse aujourd’hui en ligne pour discuter du monde post-pandémie. Car c’est bien parce que les conditions sanitaires demeurent dramatiques, près de deux ans après l’irruption de la COVID-19 dans nos vies, que nous sommes obligés de tenir ces échanges de façon virtuelle. La pandémie fait toujours rage en Roumanie, et je veux saisir cette opportunité pour renouveler un message de solidarité aux victimes de la maladie et à leurs proches. Je veux aussi marquer ma gratitude la plus sincère à l’égard des personnels de santé qui travaillent sans relâche pour sauver des vies.
Le monde d’après la pandémie n’est donc pas encore à portée de main. Mais je suis convaincue qu’il est essentiel de le préparer dès maintenant. J’ignore quand la COVID-19 pourra être mise sous contrôle, mais je suis sûre que ce jour arrivera bientôt.
Comment, alors, favoriser des sociétés plus sûres et résilientes ?
Dans notre continent, c’est d’abord l’Union européenne qui a un rôle essentiel à jouer. La pandémie a montré combien nous avions besoin de davantage d’Europe pour affronter ensemble des défis qui nous concernent tous. La France aura l’honneur de présider le Conseil de l’Union européenne au premier semestre 2022, et s’engage résolument dans le renforcement de l’Europe de la santé. Par exemple, l’UE vient de créer HERA, l’Autorité de réponse aux urgences sanitaires. HERA nous permettra de mieux réagir aux crises, mais aussi d’anticiper ces crises, en finançant l’innovation, sur de futurs vaccins et médicaments par exemple. Nous allons également travailler pour renforcer les agences existantes EMA et ECDC, et pour adopter un règlement sur les menaces sanitaires transfrontalières.
L’UE agit également pour la résilience des sociétés à travers les financements communs. Je veux en particulier saluer l’ambitieux plan de relance adopté l’an dernier. La France est fière d’y avoir contribué. Une nouvelle étape a été franchie le 28 octobre dernier, quand le Plan national de relance et de résilience de la Roumanie (PNRR) a été approuvé par le Conseil de l’UE. C’est une excellente nouvelle. Le PNRR inclut des fonds pour la santé, et de façon générale pour un développement de la Roumanie plus équilibré et plus durable. C’est à présent au nouveau gouvernement de le mettre en œuvre.
La résilience de nos sociétés va au-delà des seules questions de santé. Sur les industries stratégiques, la sécurisation de nos frontières extérieures, dans le domaine de la défense, ou face à la désinformation et aux cyber-attaques, nous devons construire une Union européenne plus forte et plus souveraine. Ce qu’on appelle parfois « autonomie stratégique » sera aussi une priorité de notre présidence de l’UE. D’ailleurs, pour la première fois, les Etats-membres sont en train de rédiger une « boussole stratégique » qui leur permettra d’avoir une définition commune des facteurs qui menacent l’Union européenne, des objectifs à atteindre pour assurer notre sécurité et des instruments à utiliser. Nous souhaitons l’adopter en mars prochain.
La France considère que le monde de demain doit aussi être construit grâce à des outils multilatéraux. Plusieurs chantiers importants sont ouverts, dans le domaine de la prévention des pandémies d’une part, et du champ plus général de la paix et de la sécurité d’autre part.
D’abord, il nous faut nous assurer que le reste du monde bénéficie des vaccins nécessaires. C’est une question d’humanité, mais c’est aussi une question de sécurité, car la libre-circulation du virus sur d’autres continents favorise l’apparition de nouveaux variants qui pourront aussi nous toucher. La France a contribué à la création de COVAX, dispositif par lequel plusieurs centaines de millions de doses de vaccins ont été données aux pays moins riches, en Afrique mais aussi dans les Balkans, en République de Moldavie et en Ukraine. Pour ne pas répéter les erreurs du passé, la France et l’Union européenne soutiennent par ailleurs la signature d’un Traité international sur les pandémies. Il s’agira d’améliorer la capacité de réaction de la communauté internationale à de futures épidémies majeures. Tout au long de la crise, nous avons également apporté notre soutien à l’Organisation mondiale de la santé, plus que jamais indispensable pour coordonner les efforts planétaires. Mais nous pensons que l’OMS doit aussi être réformée pour devenir plus efficace. C’est un des messages que la France a porté dans le cadre de l’Alliance pour le Multilatéralisme, forum qui réunit de nombreux pays engagés pour le renouvellement et renforcement des organisations internationales. Je suis heureuse que la Roumanie ait officiellement rejoint l’Alliance l’année dernière. Enfin, la France est à l’origine de l’initiative PREZODE, qui met l’accent sur l’origine animale de 75% des nouvelles infections touchant les humains. En travaillant ensemble pour prévenir, détecter et répondre aux maladies animales (épizooties), on protégera les sociétés humaines de leurs effets sur notre santé.

Si j’ai choisi dans ma présentation de mettre l’accent sur les dimensions européennes et multilatérales, il y aurait bien d’autres sujets à évoquer pour le renforcement de nos sociétés face aux crises sanitaires, de l’éducation aux infrastructures en passant par la lutte contre le changement climatique. J’aurai donc le grand plaisir d’écouter les contributions des autres intervenants pour enrichir ce débat.
Je vous remercie. »

Laurence Auer

Dernière modification : 03/11/2021

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