Le carré militaire français de Iași
Le carré militaire français de Iași
Le caveau militaire français de Iaşi se trouve dans le cimetière civil « Eternitatea » de la ville, lui-même situé dans la rue Eternitate (Eternité).
Construit au cours de l’année 1920, le caveau est partagé en deux par un couloir. De part et d’autre de ce dernier se trouvent 48 niches maçonnées, mais seules 10 d’entre elles comportent des plaques nominatives. Au-dessus du caveau se dresse un monument en forme d’obélisque réalisé par Salvador Scutari et orné d’une plaque de marbre portant l’épitaphe suivante : « Aux Français morts en Roumanie en 1916-1918 ».
Iaşi est devenue la capitale de la Roumanie après l’évacuation de Bucarest le 5 décembre 1916, à la suite de l’entrée des troupes allemandes en Valachie à l’automne 1916. L’Etat-major général, le gouvernement et la famille royale ainsi que toute une partie des services techniques et médicaux y furent stationnés.
Au cours de l’hiver 1917, une épidémie de typhus s’est abattue sur l’armée roumaine et les troupes françaises de la mission Berthelot. Sur les dix Français dont l’identité est inscrite sur les murs du caveau, cinq ont trouvé la mort du fait de cette maladie. La mission médicale française en Roumanie a emmené avec elle un certain nombre de femmes et notamment des infirmières de la SFSBM (Société Française de Secours aux Blessés Militaires) qui dépendait de la Croix rouge ainsi que des religieuses de Saint Vincent de Paul et des Sœurs Assomptionnistes dont la mission était de soigner les malades et les blessés militaires. Plusieurs d’entre elles furent touchées par le typhus et une partie en perdit la vie. La mission médicale française mit également en place un hôpital pour contagieux (la villa Greierul), placé sous la responsabilité du médecin aide-major Clunet, qui mourut lui-même du typhus contracté en soignant les malades. Sa mort fut particulièrement marquante pour la ville. Sa disparition intervint en même temps que celle du colonel Dubois, de la mission Berthelot, qui succomba quant à lui des suites de ses blessures de guerre.
Dans ce caveau est également enterré le Général LAFONT, colonel artilleur au 20ème d’Artillerie pendant le début de la guerre, il est désigné attaché comme conseiller technique pour l’artillerie en Roumanie durant l’année 1917. Fin janvier 1918, il prend le contrôle des unités tchéquo-slovaque qui étaient rattachées à la Russie en plein révolution. Il devient général de brigade à titre fictif le 06 février 1918 pour être désigné le 7 mars 1918 pour exercer la mission d’attaché militaire français en Roumanie, le temps que le Général BERTHELOT rentre préparer l’armée du Danube en France. Durant son temps d’attaché de défense le Général LAFONT aura su conserver des liens forts avec l’état-major roumain lors des accords de paix roumains. Il mène une partie de la contre-offensive du 18 juillet 1918 avant d’être appuyé par l’armée du Danube. Il a pu suivre le retour de la royauté roumaine à Bucarest le 1er janvier 1918 avant de décéder d’une grippe contractée dans le train de retour à Iasi le 12 décembre 1918. Le colonel fut cité pour deux palmes, deux étoiles de vermeil et une étoile d’argent.
La famille royale de Roumanie se fit représenter à leurs obsèques auxquelles assista aussi le général Berthelot.
Le caveau a été entièrement rénové en 2015 puis de nouveau en 2021, grâce à des crédits mis en place par la DPMA.